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Chez doyen
10 août 2012

Rêve 14

Sebastien m'écrit :

Dans un resto, je suis en colère sans raison. La serveuse me plait, je discute avec de la société moderne où des gens toujours plus bêtes ont des comportements toujours plus stupides. Je vais chez mon ami d'enfance regarder la télé avec ses parents, puis on va à une soirée dans un grand immeuble de bureaux vides, dans un sous-sol inondé. En bas, des hommes en cravates, lunettes de soleil et attaché-case nous regardent, hésitent puis partent. Je traverse à la nage et rejoint la soirée dans des locaux judiciaires déguisés en vestiaires.

Des filles nous draguent et on prend le métro avec elles. Un pote me réclame ma petite amie "Tu nous dis que c'est pas sérieux, tu pourrais me la prêter", je l'insulte et le frappe. Parmi les filles de la soirée qui s'intéressent à moi, une me plait beaucoup et une autre moins. Je décide de prendre celle qui me plait le moins par le bras.

Une voiture s'arrête : c'est mon ami d'enfance et ses parents qui me demandent si je veux dormir chez eux. Je leur annonce fièrement que ce n'est pas la peine en embrassant la fille sur la joue. Au lieu d'aller chez moi, on retourne dans les vestiaires/local judiciaire. Il y a plein de filles et de mecs qui se font condamner pour détournement de mineur. Je comprends que c'était un piège : les filles sont en fait mineures et draguent des mecs en soirée pour ensuite porter plainte. En colère, je hurle que je ne me ferai pas avoir et l'insulte. Vexée, elle claque la porte.

Je rentre chez moi, j’appelle ma petite amie pour lui raconter cette folle histoire, notamment le pote qui voulait que je la lui prête. Un couple rentre dans l'immeuble, la fille passe en premier et je passe devant le mec. Là, il me choppe et me frappe violemment en m'insultant en anglais "I just want to go home !".

Saluons la cohérence narrative : rares sont les rêves denses qui se souviennent des éléments entreposés au début. Ici, le twist final fait écho aux indices laissés dans la première partie : mens in black, locaux judiciaires déguisés, bureaux vides, mais bon sang c'était bien sûr, le guet-apens était en gestation et on avait poussé les bureaux pour tendre un piège aux néo-pédophiles !

On a même une construction en miroir : colère puis monde de la nuit / révélations sur le monde de la nuit puis sur le fondé de ta colère.
La colère est même transversale tout au long du rêve : tu l'es au resto, tu l'es devant ton pote, tu l'es devant la petite polonaise importée...et c'est là qu'on comprend la véritable révélation finale : au resto, tu n'étais finalement pas en colère sans raison, tu l'étais pour tous les paradoxes qui bouent en toi.

D'abord, celui de la fidélité. En effet, juste après avoir balancé le noble poing viril de ton éthique sentimentale dans la gueule de ton pote, c'est tout naturel que tu...décides d'aller trombiner la fille d'à côté (celle qui te plait le moins, ce n'est pas anodin : elle couchera avec moins d'efforts).
Autre tiraillement notable, tu es attiré par la sagesse (la discussion avec la serveuse) tout en pataugeant avec délice dans le marécage du monde de la nuit. Et c'est avec l'air hautain propre à l'ado qui baise enfin que tu snobes ton ami d'enfance et son canapé familial.

Mais tu payes cher cette fatigante ambivalence : toujours tiraillé entre respecter le couple et mater l'cul de la voisine, tu te fais casser la gueule par un type qui te rappelle que, merde, il aimerait JUSTE pouvoir renfiler ses chaussons sans devoir incessamment combattre les renards sur le chemin.
Paradoxe de l'homme moderne : vouloir la fidélité tout en convoitant tout c'qui bouge. Sebastien, oui pas de doutes, tu es un mec. Et c'est une raison suffisante pour être en colère.

sebastien

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Commentaires
L
huhu très bon, doyen des psys !
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S
Haha encore une analyse de génie, et puis cette conclusion est tellement parfaite, merci !
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