Rêve 9

Jean Félix m'écrit :

Moi et mon ami jouons dans un film, c'est la scène finale. C'est une folle course poursuite dans un immeuble désaffecté, entre le méchant en moto et nous les gentils, en voiture. Nous fonçons à toute allure à travers les étages, sans prendre la peine de prendre les portes ou les escaliers. On percute les murs de placo, jusqu'à ce que la voiture se coupe en deux pour se transformer en deux motos. Rien ne semble arrêter le bandit tandis que nous souffrons de plus en plus à l'arrière, jusqu'à perdre le contrôle et chuter. Là, super stylé, la caméra s'éloigne laissant les motos s'écraser au sol, puis zoome sur une paire de lunettes de soleil tombée par terre où l'on nous voit agoniser puis exploser dans un délire gore japonisé. Le mot "FIN" apparaît. C'est là qu'un autre ami survient et dit à la caméra "Hé non c'est pas la fin, vous avez cru quoi ?!".
Il zappe sur la chaîne documentaire : une femme habillée d'un long manteau orange présente une émission sur les orang-outans. Elle est distraite par les singes qui essaient de la tripoter. Elle feint la gêne mais au fond, c'est évident qu'elle adore ça...elle demande à couper la caméra pour avoir droit à plus d'intimité avec les animaux.

Mon cher Jean Félix, tu tournes le film de ta vie et la scène finale est ton objectif. Les murs sont les épreuves de la vie et force est de reconnaitre que t'en bouffes, du mur...la destruction de l'immeuble peut être exhaltante, c'est la destruction d'un cadre administratif...mais tu échoues. C'était intense, t'as bouffé du placo, tout ça pour rien.
Fin ? C'est donc ça la vie ? Biensûr que non, quelque chose d'autre existe.
Arrive ici la deuxième partie et avec elle, le contraste saisissant entre l'univers masculin et l'univers féminin : les jeux aventuriers de garçons qui jouent aux p'tites voitures laissent place aux jeux érotisants de fille, décidemment plus mature, qui se caresse déjà avec une peluche, en secret sous la couette. Les singes, dans ta vision de mec bien, ce sont les "sales mecs/badboy pourris" avec lesquels les filles sortent pourtant, dans une logique qui t'échappe completement.

Puisque le paradigme de la télé est important, analysons la technique : mouvement de caméra complexe et réalisation chiadée pour ton aventure contre simple plan fixe pour la fille. Speed éprouvant dans lequel tu es acteur contre statique agréable dans lequel tu es juste témoin.

Tu te prends donc toutes les merdes professionnelo-administratives de la vie pour échouer au final alors qu'il existe des boulots plaisants, sur lesquels on peut avoir un contrôle (ELLE demande à couper la caméra...ça, c'est une femme Barbara Gould), des jobs calmes où on peut se faire tripoter avec consentement.
Ton inconscient est fasciné par la double facette du monde et l'univers sexuel qui se trame dans l'ombre de l'univers professionnel...et souhaite basculer de l'un à l'autre.